Ce dimanche matin 4 novembre, nous sommes encore à Varanasi, sur les ghats au bord du Gange, il est 6:00 du matin. L'idée est de trouver un marinier sympa et pas trop cher qui nous promènera le long des rives avant le lever du soleil. Grace au Guide du Routard, nous avons une idée des prix qui peuvent être demandés, heureusement car c'est vite l'escalade et une négociation dans ce contexte est perdue d'avance. Le bateau est une grande barque à rame et nous glissons sur le Gange lentement mais silencieusement.
Ablutions à l'aube !
Manikarnika, ghat des crémations
Les Hindous pieux rêvent d'être incinérés à Varanasi, ils rêvent que leurs cendres seront emportées au fil du fleuve sacré.
Le problème avec ces incinérations à feu continu, c'est le bois! Au rythme de 200 crémations quotidiennes, comme il faut brûler 200 kg de bois par bucher, durant au moins 3 heures, les forêts indiennes du Bihar n'y suffisent pas. Le bois (manguier, banian, santal...) arrive par bateau via le gange, il est entassé dans des recoins du ghat. Le coût d'achat de ce bois est important : plusieurs centaines d'euros... et des familles pauvres sont obligées de se rabattre sur la crémation industrielle, un four électrique a été installé dans un affreux batiment de béton, sur un ghat proche.
Il n'est pas rare d'observer au large (le Gange affiche 300 m de large en cet endroit!) un cadavre de vache qui file vers Calcutta ... Les vaches sont sacrées, donc pures, elles n'ont pas à être brûlées avant de finir dans le Gange !!!
Aujourd'hui, notre projet est de trouver un rickshaw. Tous les véhicules -sauf les motos- sont interdits dans toute la zone de ruelles le long du Gange. Nous devons donc nous rendre dans le bazar (chowk).
Les ruelles qui mènent au "chowk"
Ces ruelles sont infernales, très étroites, souvent jonchées d'immondices et de bouses de vache!
Lorsqu'elles ont été nettoyées, l'atmosphère y est particulière, on se demande si on est dedans ou dehors, dans la rue ou dans une cour privée ...
Le spectacle est dans la rue
Enfin nous atteignons Bansphatak road, l'artère commerciale qui traverse le chowk.
Cette courte video nous permet d'imaginer ce que peut être la circulation dans les villes indiennes : nous sommes à bord d'un rickshaw ...
Dans cette rue commerçante, les rickshaw règnent en maitre, rapides, précis mais très bruyants, klaxon bloqué à fond, ils transportent des personnes, parfois des familles entières.
Les vélos, tricycles et quadricycles sont plus discrets et plus nombreux. Paradoxalement, ce sont eux qui sont chargés des marchandises. Leur charge est énorme. Tirés, poussés, enfourchés, ils font penser aux caravanes de fourmis trimbalant une charge de 10 fois leur poids.
Nous avons "subi" un long voyage en train pour arriver ici, à Varanassi dans l'Uttar Pradesh :
12 h de train Express en 3° classe pour une distance de 565 km (partis jeudi à 23:00 pour arriver à destination à 11:00 le vendredi !). Le réseau ferré indien est très dense, mais les trains sont lents... Au bénéfice de notre age avancé, ce trajet nous a coûté l'équivalent de 8 € (pour 2 !)
Le réseau d'Indian Railways s'étend sur plus de 63000 kilomètres et transporte plus de 5 milliards de passagers déposés dans l'une des 7500 gares du réseau !
Les chemins de fer indiens sont le cinquième employeur civil du monde avec un effectif de 1,3 million de salariés permanents. Chaque année, plus de 40 000 d'entre eux atteignent l'âge de la retraite. En avril 2018, pour 90 000 emplois à pourvoir pour des emplois techniques, la compagnie a reçu plus de 28 millions de candidatures !
Activités dans la rue
Premiers pas sur les "ghats"
Le cœur vivant et sacré de Varanasi (l'ancienne Bénarès) bat au bord du Gange, sur les ghats.
Meurtries par les puissantes moussons, les berges du Gange sont instables, d'immenses escaliers les soutiennent et permettent l'accès à l'eau purificatrice : les ghats!
Pour tous les hindous, le Gange est le fleuve sacré par excellence, il est considéré comme la "mère de l'Inde". Mais c'est aujourd'hui un foutu dépotoir !
Les dévots hindous croient qu'ils auront une meilleure renaissance si leurs cendres sont immergées dans les eaux de ce fleuve et que l'eau du Gange les purifie de tous leurs pêchés.
Les sadhus
Près du fleuve, au détour d'une ruelle, sur une marche, il n'est pas rare de croiser un sadhu...
Ils n'aiment pas les photos, il faudrait au moins 20 roupies pour avoir un sourire!
Ces "renonçants" tentent (comme tous les hindous), d'atteindre le nirvana en se séparant du monde, en se détachant de ses valeurs...Ils ne travaillent pas et vivent de la charité publique.
Dans toute l'Inde, dans des forêts, des cavernes, des ashrams ou dans les villes près des temples, ils sont plusieurs millions ! Les deux principales familles de sâdhus regroupent les adorateurs de Shiva d’une part et ceux de Vishnu d’autre part.
Grace aux peintures de couleur qui décorent leur front, on peut identifier leur secte ...
Dimanche soir 28 octobre, nous arrivons en train à Aurangabad à 20:30. Avec 27 ou 28°, il fait beaucoup moins chaud qu'à Bombay (+32°). Un taxi de l’hôtel Panchavati nous attend à la gare avec une pancarte ! Nous avons une grande chambre claire pour 800 roupies (10 €). Lundi, après le petit déjeuner pris à l’hôtel, nous trouvons un rickshaw qui nous conduit (0,50€) à la gare routière que nous quitterons très vite pour 45 minutes de bus jusqu'à Ellora (1€).En entrant dans le Parc d'Ellora nous croisons ce groupe de femmes. Les échanges sont limités, elles ne parlent pas anglais! L'anglais n'est parlé que dans les villes, par une classe moyenne éduquée.
En principe, l'anglais et l'Hindi, sont les deux langues officielles, mais chaque état indien possède d'autres langues officielles (l'ourdou, le bengali, le télougou etc). Dans l'état du Gujarat, le fief du nationaliste Narandra Modi, actuel président de l'Inde, l'anglais n'est même pas enseigné !! Les grottes d'Ellora que nous visitons aujourd'hui ont été édifiées entre le 7° et le 10° siècle par des générations de moines bouddhistes ou hindouistes. Elles ont été sculptées le long d'un escarpement rocheux de 2 km. Il y a plusieurs dizaines de grottes et un temple dédié à Shiva : le temple Kailasa.
La moitié des grottes sont dédiées à Bouddha et pourtant, aujourd'hui les bouddhistes ne sont plus que 1% en Inde. Ainsi vont les croyances...Les temples ont été creusés et sculptés dans la roche basaltique. La prouesse architecturale est considérable, car ces sculptures très fines et ces grands espaces souterrains ont été gagnés au marteau et au burin ... Nous sommes ici dans le Temple de Kailasha qui est censé représenter le mont Kailash, demeure de Shiva, dans l'Himalaya. On perçoit l’amplitude de la tâche ! Il s'agissait de creuser trois tranchées de plusieurs dizaines de mètres de profondeur, afin d'isoler le bloc de roche à sculpter .... Titanesque ! Le contraste entre la masse rocheuse et la finesse des sculptures est saisissant. Ce n'est pas un temple construit pierre à pierre mais un temple en négatif, sculpté dans la masse !
Nous sommes en Inde depuis deux jours, nous quittons Mumbai en train pour rejoindre Aurangabad dans le même état du Maharashtra.Avant le départ nous nous régalons d'un plat d'inde du sud que nous adorons : le dosa. Sur la photo, Régine a choisi le grand format ! Il s'agit d'une grande crêpe très fine et croustillante, à base de farine de lentille, elle est roulée et fourrée avec un curry de pommes de terre ! Délicieux !Le spectacle des gares en Inde est souvent folklorique ... Ici, à Mumbai, un dimanche en début d'après-midi, l'ambiance est plutôt calme. Nous remarquons qu'un listing papier collé sur la porte d'entrée du wagon, fournit la liste des passagers attendus, leurs nom et prénoms, leur sexe et leur age! Un bon exemple de l'infernale bureaucratie indienne!